Frileux Fribourg et chocolat belge

Frileux Fribourg et chocolat belge

Parution 20.11.2011 - Lettre 43

 

Etrange histoire que celle qui se déroule en Belgique et ne parvient pas à trouver ses conclusions 10 mois après son démarrage.

Début 2011, un professeur brillant et promis à de hautes fonctions est accusé de plagiats

La presse s'en fait l'écho : l'ex-futur vice-recteur est accusé de plagiat

Les preuves sont là, mais le "présumé plagieur" se place dans un tel déni que son institution est fort ennuyée. Il oppose à l'évaluation académique la justice civile.

Ce déni n'est absolument pas étonnant. Rapellons ce que nous écrivions en mars 2010 :

"Plagier induit, en soi, un repositionnement de sa propre vision : de sa place dans notre système et de son échec face aux demandes qui lui sont faites.

Le système académique pose des jalons afin de pouvoir filtrer et trier les éléments qui prétendent y occuper un certain espace. Au cours d’une carrière, ces étapes deviennent insurmontables pour certaines personnes, et elles provoquent des ruptures de leur parcours académique.

Ces ruptures avérées peuvent prendre au mieux l’aspect d’une quête du pouvoir institutionnel ou associatif, au pire celui de l’appropriation des réalisations d’autrui par le plagiat.

La souffrance peut alors devenir intolérable pour le plagieur découvert, car il doit accepter de voir son niveau réel rétabli publiquement, ce par comparaison au niveau qu'il pensait, et prétendait avoir. "


Frileux Fribourg


Parution 9 octobre 2011

Avertissement au lecteur : Nous reprenons ici le cas qui nous est soumis par la presse, comme nous le faisons depuis 8 ans. La méthode des cas, que nous utilisons, ne demande pas à l’auteur des cas de se prononcer, mais au contraire de laisser le lecteur se faire une opinion par lui-même.

La responsabilité civique d’informer le citoyen des risques qu’il court et que court le système politique et sociétal pour lequel il vote et paye des impôts repose sur un journalisme d’investigation.

Ce journalisme d’investigation est opposé à l’autre, le journalisme à sensation qui, avec le Web comme espace de légitimation, suit l’impératif d’un consensus. C’est ainsi qu’en cette année 2011, la loi du consensus d’un certain savoir narratif a traîné à l’échelle planétaire, un dénommé DSK dans la boue avant de basculer en un jour, tout aussi unanimement, contre son accusatrice.

Car le Web a radicalement modifié les modes de consultation et d’exploitation de l’information. L’ampleur des difficultés que rencontrent tous les utilisateurs d’Internet, néophytes ou initiés, est corrélée à cette surcharge d’informations – ou infobésité – qui conduit de facto au stockage d’informations inutiles.

Voici donc un exemple simple du pouvoir du journalisme d’investigation quand il se met au service du citoyen.

• Acte 1 : 16 juillet 2011

Le journal Le Matin Dimanche, sous la plume de Michel Audétat, publie un article documenté, mettant en cause X Vice-recteur, professeur à l’université de Fribourg (Suisse) qui a plagié le journal Le Monde pour écrire ses rubriques dans le journal La Liberté.

Comme dans le cas PPDA, on relève l’usage judicieux des copies écran comme preuves pour le lecteur.

Selon le journaliste, le vice-recteur ne considère pas les écrits dans les journaux aussi importants que les journaux scientifiques en matière de respect des citations.

Insatisfait, l’équipe du journal a alors analysé quelques récents articles scientifiques et découvre des plagiats également.

Voir l’article du 16 juillet 2011 

• Acte 2 : 18 juillet 2011

Bien entendu, même en période de vacances universitaires, tous les journaux locaux reprennent l’information. Le recteur de l’Université, interrogé au journal télévisé, annonce qu’il va demander une expertise. Lui aussi distingue l’éthique quand on s’adresse au grand public de l’éthique scientifique.

Voir l’article du 17 juillet 2011 de la Télévision Suisse Romande

• Acte 3 : 19 juillet 2011

Le Rédacteur en Chef du journal La Liberté et P.G. conviennent de mettre fin à leur collaboration

Voir l’article du 19 juillet 2011 de la RSR

• Acte 4 : 23 juillet 2011

Pour les textes scientifiques où du plagiat avait été mis en évidence, P. G. paraît avoir mis en cause son co-auteur de l’époque. Les journalistes ont donc interrogé ce dernier, qui est en poste à la Chinese University of Hong Kong. Ce dernier nie toute implication, signale qu’il était « junior » à l’époque des faits , sous lien hiérarchique avec P.G.. Les journalistes continuent à chercher d’autres articles fautifs.

• Voir l’article du 20 juillet 2011 de l'Hebdo

• Acte 5 : 30 octobre 2011

La commission interne de l’Université de Fribourg a achevé son travail d’investigation le 27 septembre 2011. Elle déclare avoir examiné 73 documents signés (ou co-signés) par P.G. et aurait trouvé moins de 5% de plagiat.

Voir le communiqué du rectorat 3 octobre 2011

Rien de sera dit sur la méthodologie de travail et la composition du groupe.

Nous sommes ici est très loin de la transparence et de la rapidité de traitement du cas problématique de University of Eastern Finland.