Merci le Web !


Ou comment le plagiat à l'ancienne se fait dépasser par le Web

Parution 13.04.2010 - Lettre 31

 

X, candidat à un poste de professeur dans une Grande École française communique à Y, Directeur général adjoint de l’établissement, son dossier contenant divers « papiers » issus de sa thèse de doctorat.

Sollicité pour un ouvrage scientifique, Y traduit mot à mot un de ces documents et le publie comme chapitre de livre chez McGraw-Hill USA, sous son seul nom.

Mais le jeune chercheur, ignore ces faits. Il a, de son côté, publié un livre chez un éditeur français sur la base de ses « papiers ».

Et ce livre français sort avant celui de McGraw-Hill.

Quelque temps après, McGraw-Hill a la bonne idée de mettre sur le Web le chapitre incriminé en libre accès, afin de promouvoir le livre américain.

L'auteur plagié, X, au hasard de recherches sur le Web, tombe sur ce chapitre et reconnaît chacun de ses mots, de ses schémas, de ses références.

Nos questions :

 

  • Que doit faire X ?
    (n.b. Il ne cherche pas la vengeance, mais il voudrait faire son travail de chercheur sans perdre de temps en procédures et sans avoir à se référer à ce texte indélicat dans tous ses futurs écrits.)

  • Que doit faire Y ?

  • Que doit faire McGraw-Hill ?

  • Que doit faire l'éditeur français ?

  • Que doit faire le Rédacteur en Chef de la revue scientifique dont Y est rédacteur en chef associé ?

  • Que devez-vous faire ?

 


• Résolution académique du cas

Après deux mois d'attente et une inertie très grande, nous avons envoyé le cas à la Conférence des grandes Ecoles de france, où siègent tous les dirigeants de ces prestigieuses institutions. Nous leur avons demandé leur analyse du cas... Pas de réponse.

Nous avons alors décidé d'envoyer un mail au Directeur Général où exerçait le plagieur en lui disant : "Si tu as besoin d'aide dans ce cas douloureux, n'hésite pas à me téléphoner". 10 minutes après il nous appelait interloqués : "Ne me dis pas que c'est chez moi ?!? Ce n'est pas possible ! J'avais une telle confiance en lui ! je me sens trahi.".

Deux jours après on a procédé au licenciement imédiat de Y dans le respect des dispositions légales.


• Résolution éditoriale 1 :

Nous avons eu beaucoup moins de succès avec la revue scientifique où  il était Rédacteur en chef adjoint. Heureusement, un remaniement du comité éditorial de la revue scientifique a permis de le remplacer à ce poste stratégique sans vague. Hé oui. En 2010, l'essentiel pour nombre de confrères est encore de "ne pas faire de vagues". Ils sont loin d'imaginer le tsunami qui s'approche avec le plagiat.


• Résolution éditoriale 2 :

L’éditeur américain, McGraw-Hill a accepté de verser les droits perçus sur les parties plagiées et s’engage à ne pas réimprimer, ni rééditer l’ouvrage. Le plagieur prend en charge la destruction des stocks de l’ouvrage, ainsi que les frais juridiques de la négociation et de rédaction du protocole.